Le centre de formation des sapeurs-pompiers de l’Yonne

 Par Jean-Claude Bernard, Sdis 89

Comme partout, en tout cas dans les services d’incendie et de secours (Sis) français, le groupement Formation des sapeurs-pompiers de l’Yonne a pour vocation la planification, l’organisation et la mise en œuvre de la formation interne des sapeurs-pompiers professionnels et volontaires ainsi que des personnels administratifs, techniques et spécialisés (PATS) du Sdis.

 

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Il s’appuie sur le calendrier des actions de formation, établi en concertation avec tous les collaborateurs responsables du schéma de formation du département (concepteurs, conseillers techniques, chefs de centres, …) et validé par les différentes instances paritaires.

Située sur le même site que le centre de secours principal (CSP) d’Auxerre, au cœur de la capitale icaunaise, l’école départementale a innové en 2019 en organisant des nouveaux parcours de formation et en y intégrant l’approche par les compétences (APC). Ce format permet de réunir plusieurs niveaux de qualifications au sein d’un même stage mais également de rendre plus efficace le temps de formation par des mises en situation pratiques et un suivi individualisé. Dans la continuité de l’arrêté du 4 octobre 2017, le service Formation a continué à accentuer la mise en place de la réforme de la filière liée au développement des compétences en continuant la formation des accompagnateurs de proximité (Accpro), des formateurs accompagnateurs (Foracc) et des concepteurs. Environ 50 agents supplémentaires ont été formés sur 2019.

Pour favoriser cette mise en œuvre du parcours individualisé, il a été conçu un livret individuel de professionnalisation par l’équipe pédagogique de l’école départementale, destiné à l’Accpro, au Foracc ou au chef de structure. Ce document favorise le développement des compétences du stagiaire et permet à chacun, dans son rôle, de trouver sa place dans l’accompagnement nécessaire à l’acquisition des blocs de compétences.

L’essentiel de l’activité du service Formation a été d’accompagner la mise en œuvre de la réforme, avec notamment l’intégration de l’APC dans 30 % du parcours de formation des agents.

En parallèle, l’arrêté publié le 22 août 2019 nécessite une réécriture des référentiels de formation. Ce travail a déjà commencé et sera pérennisé par le service Formation et les concepteurs en intégrant un schéma conforme aux référentiels d’activités et de compétences nationaux et aux besoins du département.

Cette mise en œuvre permettra de recentrer le rôle de l’accompagnateur en centre d’incendie et de secours. Il facilitera l’intégration des nouveaux, tout en faisant prendre conscience à chacun de l'importance de continuer à progresser dans son environnement pour y développer des compétences.

 

 

Le centre de formation en chiffres

En 2019, le CFD a dispensé 242 actions de formation et 83 formations de maintien et de perfectionnement des acquis (FMPA). L’équivalent de 10 086 journées effectives pour 88 103 heures, dont 81 % pour les sapeurs-pompiers volontaires.

Aujourd’hui, huit personnels sont affectés au CFD, à savoir cinq sapeurs-pompiers et trois PATS ainsi que quatre officiers délocalisés dans les compagnies chargées de la formation.

Une remise de 472 m2 accueille 3 FPT, 3 VSAV, 1 VSR, 4 VL et 1 VTU. Ces véhicules servent à des fins de formation mais peuvent aussi servir de réserve opérationnelle. Ils sont utilisés entre autres pour les formations COD0, COD1, COD2 et la conduite préventive en situation d’urgence (CPSU) développée avec les collègues canadiens de Québec.

Une salle de réception/réfectoire de 189 m2 existe au sein du CFD ainsi que 10 chambres de 10 à 15 m2.

Des formations de premiers secours civiques (PSC1) sont régulièrement dispensés pour le personnel administratif.

 

Focus sur l’escape game créé au CFD sur la thématique PRAP

Partant du constat que le Prap (prévention des risques liés à l’activité physique) n’attire pas l’attention et que former ses collègues sur ce sujet peut être laborieux, la forme ludique lui est apparue comme une solution. Aussi, Florence ERHART, SPP au CS JOIGNY et formateur Prap, a imaginé un Escape Game sur le thème de la préservation du capital santé.

Installé dans une des chambres du CFD, le principe est le suivant : le Docteur Georges DOUBLET, spécialiste en prévention du capital santé vous y attend. Son assistante, Florence, vous accueille et vous prend en charge jusqu’au cabinet du docteur. Vous avez ensuite 60 minutes pour ressortir avec le précieux certificat médical qui atteste de votre capacité à prendre soin de vous.

 

 

Une fois entré(e) dans la pièce, l’environnement vous plonge dans une atmosphère du passé, l’émotion et les sens participant à mobiliser toute votre attention. Admirablement aménagé par Florence, le changement d’époque, la lumière, le son et les objets font que chaque participant s’émerveille devant chaque détail, partage ses émotions avec ses coéquipiers et se prend au jeu.

Ainsi, vous êtes acteur dans cette scène et tout naturellement… acteur de votre capital santé à travers ce jeu. La surprise de la découverte est un élément puissant et durable qui enrichit le figurant sans même qu’il s’en rende compte.

Innovant, ludique et pédagogique sont des adjectifs qui qualifient parfaitement bien le concept imaginé et construit par Florence ERHART. La découverte du Prap en devient intéressante, pertinente et concrète. On touche en effet du doigt une réalité abstraite et cela s’avère complètement bénéfique pour le joueur.

Des semaines de préparation, de recherche d’objets qui composent la scène, de conception du scénario et des multiples possibilités de découvertes et de résolutions des énigmes trouvent un très bel aboutissement. Un soin particulier a été également porté à l’aménagement dans les moindres détails.

Florence ERHART, discrète et persévérante, a atteint son objectif : rendre ludique un sujet peu attractif pour mettre néanmoins en lumière son importance. Une innovation et une réussite qu’elle ne doit qu’à elle-même, ayant travaillé seule pour développer son idée, et qui doivent être saluée et reconnue. Finalement, un concept et un agent à l’image du SDIS où les idées non seulement ne manquent pas mais prennent le dessus sur les ressources matérielles, eu égard à son capital humain exceptionnel !

 

La vision de Lancelot 89 sur la formation

Pour le Colonel HC Jérôme COSTE, chef du Corps départemental, l’enjeu de la formation est de permettre aux femmes et aux hommes du SDIS, aux compétences et aux statuts multiples, d’assurer l’efficacité de notre service public. Pour ce faire, au-delà des nécessaires apprentissages, elle doit permettre la transmission des valeurs qui font la force de notre corporation. J’entends aussi qu’elle s’inscrive dans une logique de proximité et nous permette de nous adapter à l’évolution de la demande sociétale, donc de nos missions.

 

Trois questions au lieutenant Benjamin Treny, chef du service Formation du Sdis 89 depuis le 1er décembre 2019.

Propos recueillis par Sèverine Battesti-Pardini

SFm : Quel rôle joue le CFD dans la formation, au sein du Sdis 89 ?

Benjamin Treny : Tout d’abord, à l’école départementale de formation se déroulent les stages, depuis l’équipier jusqu’au lieutenant, en ce qui concerne le management. Tous les niveaux hiérarchiques sont également associés aux formations opérationnelles de maintien et de perfectionnement des acquis (FMPA). Cette école départementale participe à l’animation et à la coordination du réseau de la formation sur tout le département, de même qu’elle participe à la logistique pour tous les centres de secours. C’est l’animateur principal de la mise en place de la réforme sur la formation et de la filière liée au développement des compétences.

 

 

SFm : Comment le Sdis 89 met-il en musique la formation ?

B.T. : On s’appuie sur des documents structurants, au premier rang desquels le plan de formation. Puis le calendrier de formation est réalisé en s’appuyant sur la demande des unités territoriales, des conseillers techniques des équipes spécialisées et du comité de direction. Ce processus s’appuie aussi sur le Sdacr, schéma départemental d’analyse et de couverture des risques. Cela permet de fixer des priorités suivant les risques qui émergent, qui évoluent… selon aussi les zones concernées. Et le Sdacr doit être réécrit en 2020-2021. Parmi les axes majeurs, on peut mentionner la filière dédiée au développement des compétences et un gros travail sur le secours routier, mais aussi la mise en place de l’APC (approche par les compétences) et la réponse aux demandes des territoires. Car il s’agit bien d’un travail transversal, mené en lien avec tous les services.

 

SFm : Quels sont les projets majeurs du service Formation ?

B.T. : Nous avons deux projets majeurs. D’une part, l’écriture du référentiel interne d’organisation de la formation et celle du règlement de formation. Mais aussi le développement de l’APC à hauteur de 30 % des stages. Il s’agit de faire en sorte que l’apprenant soit davantage encore acteur de sa formation. Nous avons aussi écrit un guide qui permet à chaque agent, apprenant ou tuteur, d’être pleinement impliqué dans sa formation.