Par Freddy Rigaux, cabinet Sigma, Expert explosion et incendie près la cour d'appel de Rouen et près la cour administrative d'appel de Douai

 

RCCI : Foyers communicants ou distincts ?

Lorsque plusieurs foyers sont identifiés suite à un incendie, il convient de déterminer s’il s’agit de foyers communicants ou de foyers distincts. On parle de foyers communicants lorsque l’un des foyers peut être déterminé comme étant le foyer d’origine et que le ou les autres foyers sont la conséquence naturelle de ce foyer initial, c’est-à-dire qu’ils sont apparus suite à la propagation de la chaleur. A contrario, des foyers distincts sont géographiquement séparés, non reliés par un mode de propagation et présentent une certaine simultanéité.

 

 

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Examen de la propagation

L’existence de plusieurs foyers communicants est la conséquence de la propagation de la chaleur par l’un des modes de propagation que sont la convection, le rayonnement, la conduction et la projection d’éléments enflammés. L’investigateur en incendie doit maîtriser les principes de ces modes de propagation afin de déterminer si l’un d’entre eux au moins a pu permettre l’apparition de foyers secondaires à partir du foyer initial.

La convection, transmission de la chaleur par l’intermédiaire d’un fluide, s’effectue généralement du bas vers le haut, mais peut également se faire de manière horizontale ou de haut en bas en fonction des courants d’air établis. Une attention particulière doit être portée aux gaines et conduits se situant à proximité de la zone d’origine mais également aux vides structurels tels qu’une cloison ou un plénum par lesquels pourraient se propager les gaz chauds.

La propagation de la chaleur par conduction s’effectue par un matériau conducteur solide. Ce mode de propagation peut être observé dans le cas de structures métalliques, de parois ou portes métalliques, mais également via les câblages électriques. Qu’ils soient sous tension ou non, les câbles électriques sont par nature de très bons conducteurs et vont faciliter le transfert de la chaleur d’une zone à une autre.

L’étude du rayonnement doit être réalisée à la fois à proximité du foyer et des zones de flammes, mais également dans les espaces où se sont accumulées des fumées chaudes. Ces fumées produites par la combustion vont transporter la chaleur par convection mais vont aussi émettre à leur tour un rayonnement.

La propagation par projection d’éléments enflammés ne doit pas être négligée. Lors d’un sinistre, des matériaux enflammés ou chauffés peuvent être projetés en dehors du foyer et propager ainsi l’incendie. Ce phénomène peut être causé par la chute de matériaux enflammés comme des rideaux, ou par une projection comme lors de l’explosion d’une bombe d’aérosol.

 

Analyse des foyers distincts

L’absence de relation entre plusieurs foyers par l’un des modes de propagation décrit ci-dessus peut consolider l’hypothèse de foyers distincts et, potentiellement, de plusieurs mises à feu. Toutefois, il faut prendre en compte l’intégralité de la scène ainsi que le contexte dans lequel s’est déroulé l’incendie. Il faut par exemple s’assurer que l’un des foyers n’est pas antérieur au sinistre et qu’il ne s’agisse pas de traces résiduelles d’un autre incendie.

Plus un feu est éteint tôt, plus il est facile d’identifier plusieurs points d’origine. Suite à un embrasement généralisé d’une pièce ou d’un bâtiment, la distinction de différents foyers sera rendue difficile. La reconstitution de la scène est une étape de l’investigation essentielle pour la détermination de la ou des zones d’origine.

 

Être attentif aux détails

Un examen attentif de la scène de l’incendie peut révéler des dispositifs de mise à feu non aboutis ou ayant échoué. Par exemple, si l’investigateur découvre une mise à feu au niveau d’un matelas dans une chambre, il devra porter une attention toute particulière aux autres matelas ou aux canapés afin de rechercher d’éventuelles mises à feu.

Ces mises à feu peuvent être une accumulation de combustible qui n’aura pas été allumé, un foyer initié qui se sera éteint rapidement, ou simplement les traces résiduelles d’une flamme de briquet mise au contact du matériau. Si minimes soient-elles, ces mises à feu permettront de renforcer le caractère volontaire de l’incendie.

Un premier examen de la scène met en évidence un foyer sur le canapé et un autre près de la porte. Une analyse précise des lieux et de la propagation permettra de déterminer si ces foyers sont communicants ou indépendants.

 

 

 

Bien que l’incendie se soit produit dans le salon, des destructions sont visibles dans la chambre. Il s’agit d’une mise à feu sur le lit qui n’a pas pu se développer.

 

Bien que l’incendie se soit produit dans le salon, des destructions sont visibles dans la chambre. Il s’agit d’une mise à feu sur le lit qui n’a pas pu se développer.